dimanche 4 mai 2008

Paris sous l'occupation : pistes pédagogiques

Questionnaire élèves

1. Observez ces 2 photos. En vous aidant des textes joints, répondez aux questions suivantes :


a- Tentez de préciser la période et les lieux des deux prises de vues

b- Sur quels indices visuels pouvez-vous vous appuyer ? Précisez-les

c- Ecrivez une légende explicative et adéquate pour chaque image

> Textes :

Huitième ordonnance du 29 mai 1942

Signe distinctif pour les Juifs :

1. Les Juifs doivent se présenter au Commissariat de police pour y recevoir les insignes en forme d'étoile. Chaque Juif recevra trois insignes et devra donner en échange un point de sa carte de textile.

2. Il est interdit aux Juifs dès l'âge de six ans révolus de paraître en public sans porter l'étoile juive.

3. L'étoile juive est une étoile à six pointes ayant les dimensions de la paume d'une main et les contours noirs. Elle est en tissu jaune et porte en caractères noirs l'inscription « JUIF ». Elle devra être portée bien visiblement sur le côté gauche de la poitrine solidement cousue sur le vêtement.


Le port de l'étoile jaune a été imposé le 29 mai 1942. Mais les premières lois antijuives, édictées par Vichy, datent d'octobre 1940. En 1941, tous les Juifs ont dû aller se déclarer en mairie.
Marc Ferro, JDD du 30 Mars 2008


Pour leurs déplacements, les Parisiens utilisent les fiacres tirés par des chevaux, les quelques voitures à gazogène, les bicyclettes ou vélo-taxis. Certains font preuve d'ingéniosité et circulent à bord de drôles d'engins à pédales. La majorité va à pieds, doit s'adapter aux pénuries d'essence, aux magasins fermés, aux stations de métro transformées en refuge. Paris sous l'Occupation www.ina.fr/archivespourtous


Non seulement il n'y avait plus d'essence, mais les occupants avaient réquisitionné beaucoup de voitures. Des vélos-taxis ont remplacé les taxis. Et on a commencé à voir apparaître des voitures à gazogène vers 1942.
Marc Ferro, JDD du 30 Mars 2008


14 juin 1940, La Wehrmacht entre dans Paris, vidé des trois-quarts de ses habitants. Le premier acte de l'occupant est de confisquer tous les drapeaux français au fronton des édifices, immédiatement remplacés par des drapeaux à croix gammée. Même les drapeaux historiques des Invalides sont saisis.
Wikipedia


2. Observez ces 3 photos :


a- Tentez de préciser la période et les lieux des trois prises de vues

b- Ces photos datent-elles à votre avis de la même époque que les précédentes ? Sur
quels indices visuels pouvez-vous vous appuyer ? Précisez ceux qui sont en faveur de la même époque, ceux en faveur d’une autre époque.

c- Ecrivez une légende possible pour chaque image


3. Les images en couleurs que vous venez d’observer ont été prises par le photographe André Zucca. En vous aidant des textes joints, répondez aux questions suivantes.

a- Qui est André Zucca ? (quelques lignes biographiques)

b- Quelles sont les critiques adressées à l’exposition « Les Parisiens sous l’Occupation » ? Rédigez quelques phrases

c- Recomposez une légende pour les trois images ci-dessus en tenant compte de ces informations, sachant que ces photographies ont figuré dans l’exposition.



> Textes :

Après de nombreux reportages à travers le monde, André Zucca devient l’un des photographes de presse les plus actifs dès 1937. Correspondant de guerre pour France Soir et pour Paris Match en septembre 1939, André Zucca est réquisitionné par l’occupant en 1941 pour participer au magazine de propagande Signal, bimensuel diffusé dans les pays occupés. www.livresphotos.com/



André Zucca (1897-1973) fut le photographe français accrédité de Signal, journal de propagande nazie créé en 1940 à l'initiative de Goebbels. Signal fut diffusé dans tous les pays occupés par l'armée allemande. André Zucca fut poursuivi après la guerre pour collaboration et atteinte à la sécurité extérieure de l'Etat.

Rue 89, 02/04/08


André Zucca a été jugé et relaxé à la Libération. Il a ensuite ouvert à Dreux une boutique où il réalisa des photos de mariage, de communions et de chasses à courre. Il est mort à Paris en 1973.

Libération, 08/04/08


Lundi, Bertrand Delanoë a voulu clore la polémique sur «Les Parisiens sous l’Occupation». L’exposition de la bibliothèque historique de la Ville de Paris (BHVP) met en scène 250 photographies inédites et en couleurs d'André Zucca, qui travaillait à l'époque pour Signal, un journal de propagande nazie. Des clichés représentant une capitale insouciante et paisible, qui contrastent parfois violemment avec la réalité historique. La polémique qui a gite depuis plusieurs jours la Ville de Paris concerne surtout le manque de pédagogie initial : aux premiers jours de l’exposition, aucun panneau explicatif n’indiquait que les images relevaient de la propagande. Ayant reçu plusieurs plaintes de visiteurs choqués, la Ville a ainsi décidé d’installer un texte d’avertissement à l’entrée pour expliquer que le photographe avait collaboré avec les Allemands. Après avoir un temps évoqué la fermeture de l’exposition, par la voix de Christophe Girard, adjoint à la Culture, la Ville a finalement décidé de la maintenir. Bertrand Delanoë a souhaité «ne pas ajouter une faute à des erreurs».

Le Figaro, 22/04/2008


Cette exposition est idéologique parce qu’elle redouble, amplifie et légitime l’entreprise de Zucca au service des nazis, parce qu’elle présente une part de réalité comme étant toute la réalité, parce qu’elle fait passer (comme le confirme son titre) les Parisiens de Zucca pour tous «les Parisiens».

Parisart.com, André Rouillé, 24/04/2008


Nous est offerte une vision qui, toute partiale et partielle qu’elle soit, rappelle que la vie a continué entre 1940 et 1944 et nous donne à redécouvrir toute la culture de l’époque : la mode, les acteurs en vogue, les loisirs des Parisiens ; autant de choses parfois oubliées, à l’instar du tandem-taxi ou des vendeurs de chansons. La couleur rend cette période si familière que s’en dégage paradoxalement un sentiment d’étrangeté. Dans ce bond de plus de soixante ans en arrière nous est dévoilé un Paris parfois presque vide, que nous connaissons sans vraiment le reconnaître. Et si le noir et blanc habituel des clichés de cette époque tend à rejeter la scène saisie dans un temps révolu et lointain, la couleur la réactualise avec force, la rapproche de nous, la rend à la réalité.
L’Humanité, 05 /04/08

André Zucca : un grand photographe payé par les nazis et disposant à ce titre de toutes les latitudes, aussi bien administratives (il était alors interdit de prendre des photos dans Paris) que techniques (ses photos sont fixées sur pellicule Agfacolor, offerte par les autorités occupantes). Christophe Girard, premier adjoint à la Culture à la mairie de Paris, nous faisait alors part d’un certain malaise : «J’ai été gêné par l’ambiguïté de cette exposition.» Cette gêne provoqua la décision de distribuer à l’entrée de l’exposition un avertissement rappelant, entre autres, qu’André Zucca «a choisi un regard qui ne montre rien, ou si peu, de la réalité de l’Occupation et de ses aspects dramatiques».

Libération, 21/04/08


Décidément, cette exposition sur “Les Parisiens sous l’Occupation” ne passe pas. Il faut dire que rarement une manifestation de ce type, prêtant de toute évidence à controverse, aura été préparée et lancée avec une telle désinvolture alors qu’elle exigeait davantage de doigté que n’importe quelle autre exposition photographique en raison même du contexte des prises de vues (la propagande) et de la qualité du photographe (collaborateur du magazine allemand Signal).
République des Livres, Pierre Assouline, 17/04/08


Vue partielle ou partiale, manipulation, propagande, honte : de modérées à virulentes les critiques se sont multipliées. Des historiens se sont également élevés contre la présentation des photos de Zucca. Aurait-il fallu changer le titre de l'exposition ? mettre en regard les aspects sombres de l’Occupation, avec éventuellement d’autres photos, en noir et blanc celles-la, évoquant le rationnement, les arrestations et exécution des francs-tireurs - dont les noms étaient placardés sur les murs – et les rafles de femmes et d’enfants juifs à partir de l’été 1942 ?
RFI, 21/04/08 /www.rfi.fr




4. Comparez ces deux photographies de Zucca et de Doisneau : plans, cadrages, mise en scène… Essayez de dire quelle « vision » donnent ces deux photographes d’une même réalité.
Puis, en vous aidant des textes, vous proposerez une légende pour chaque image.


> textes :

Les services de la Wehrmacht sont même convoqués à participer à l’animation artistique de la capitale : des concerts de musique militaire et de classiques allemands (Beethoven, Wagner…) sont régulièrement donnés par des ensembles musicaux de l’armée, place de l’Opéra, au Jardin des Tuileries, sur le parvis de Notre-Dame, place de la République, etc. Ils attirent un public nombreux.

Laurent Gloagen, Paris sous l’Occupation, Embruns


L’historien Jean Pierre Azéma rappelle dans sa préface au catalogue de l’exposition Zucca « le statut singulier dont jouissait la France dans l’Europe occupée », avec d’une part le gouvernement de Vichy « certes satellite, mais autonome », et d’autre part, le rôle dévolu à Paris par Goebbels : être la devanture d’une stratégie culturelle destinée à gagner les élites dans « l’Europe nouvelle ». La musique devait jouer un rôle important, « pour les mélomanes, écrit Pierre Azéma, Goebbels fit venir à Paris les orchestres et les chefs les plus prestigieux du Reich (…) Pour Monsieur Tout-le- monde, chaque dimanche la musique de l’armée jouait dans les kiosques des pots-pourris de marches militaires, de chansons folkloriques et d’airs d’opérettes, qui trouvaient des auditeurs.

RFI, 21/04/08, www.rfi.fr


5. Quelles remarques pouvez-vous à présent formuler sur la notion de point de vue ainsi que sur le statut de l’image en tant que document historique ?



Annexes

1. Deux photos de Zucca (visibles sur les sites du Monde2 et de 20 minutes.fr)

Rue de Rivoli (une passante portant l’étoile jaune)

Rue de Rivoli (sous la croix gammée, vers le Louvre)

Ne pas mentionner les dates, lieux, photographe aux élèves

Extraits de textes de Marc Ferro, historien et 8ème ordonnance du 29 mai 1942


2. Trois photos de Zucca (visibles sur les sites du Monde2 et de 20 minutes.fr)

Rue de Belleville. Paris, 1944

Place de la Concorde

Le Zoo de Vincennes

Ne pas mentionner les dates, lieux, photographe aux élèves


3. Extraits d’articles de presse sur la polémique concernant l’exposition « Les Parisiens sous l’Occupation » et sur la vie de Zucca.


4. Deux photos (visibles sur le site Arrêt sur Images)

Doisneau, la fanfare traverse la rue de Rivoli

Zucca, Musique militaire, place de la République, 1943

Extraits d’articles de presse et du catalogue de l’exposition (Azéma) sur la présence des fanfares à Paris pendant l’Occupation


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